Enfant de Guerre…
Halte à la nuit qui s'installe,
au silence amer qui s'instaure,
silence sec… qui fait peur,
qui me coupe le souffle,
qui me ronge le coeur...
Et voilà que tombe la nuit…
Je ferme les yeux et je prie:
Seigneur, épargnez moi ce soir,
Je ne suis qu’un enfant …
Au travers de mes cinq ans,
Je dressais mes nuits
d'un festin de monstres
effrénés dans le noir,
me guettant d’un terrible regard..
un regard froid,
à faire trembler mon cœur,
à faire trémuler mon âme…
Seul le ciel pouvait calmer ma peur,
d'un clin d'oeil de ses milliers d'étoiles...
Je m’évadais de ma petite fenêtre,
vers cette voute céleste…
Vers ce monde merveilleux…
Fasciné par ces diamants trompeurs,
J’admirais paisiblement cette toile,
souriais et puis, refermais les yeux...
Seigneur,
J'ai toujours cinq ans …
mais ma vie a changé soudainement !
Je ne suis plus un enfant,
depuis que ma vie s'est évadée
dans les ténèbres de la nuit ..
J'ai appris que les monstres
ne se cachaient pas
dans les couloirs ou sous les lits…
A cinq ans j'ai compris,
que les vrais démons, existaient aussi !!
Hélas, le ciel n'est plus mon refuge!
Depuis que je vis ce déluge
Je cherche en vain une escapade
mais rien... Rien que ces nuits froides
et ces monstres féroces qui hurlent,
qui crient,
qui heurtent le silence
qui écrasent mon enfance
Et rasent les abris...
Halte à la nuit qui tombe!
…et tombe la peur des enfants!
Les avions s'approchent encore
Je les vois, je les entends !
Bientôt ils lâcheront leurs bombes
Et mes pleurs se perdront
parmis les cris de détresse...
Rendez-moi le vieux ciel seigneur,
Le ciel des merveilles,
le ciel des étoiles…
pas des bombes !
Ma petite voix s'évade dans le noir,
Prêtez moi une voix seigneur,
Une voix plus forte, plus puissante,
Une voix qui touche les coeurs
de tous ces hommes qui oublient
que nous sommes juste des enfants,
qui avaient peur
d'un monstre sous leur lit..
Ces hommes qui oublient
que nous sommes juste des enfants…
comme les leurs!
Peut-être, se rappelleront-ils,
quand et comment,
ont-ils développé cette indifférence
à nos malheurs, à nos souffrances,
et à la mort des enfants?
Rendez moi le ciel, Seigneur,
J’y irai planer sur un cerf volant,
cueillir les étoiles qui restent,
et semer les couleurs de la paix
À travers les océans...
June, 2016